JARDINS DU MONDE

2015, l’année des mangroves

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Forêts situées à l’interface océan-continent, les mangroves occupent 75 % des littoraux tropicaux. Elles se caractérisent par une faible diversité végétale (environ 70 espèces réparties en une quinzaine de familles) dont les palétuviers, espèces inféodées à ce milieu, qui se caractérisent par des adaptations remarquables en lien avec les fortes contraintes environnementales (marées, salinité, anoxie des substrats, instabilité des littoraux). Encore peu éudiées, les mangroves apportent de nombreux services écosystémiques comme la protection du rivage contre les cyclones et les tsunamis, la protection contre les inondations, mais aussi en tant que réservoir de la biodiversité, source alimentaire et comme puits de carbone qui font que cet écosystème est l’un des plus productifs au monde. Cet écosystème reste toutefois fragile et subit à la fois une forte pression anthropique et les effets dus au changement climatique. Alors même que les tentatives de restauration se multiplient, depuis quelques décennies, la mangrove perd annuellement 1 à 2 % de sa surface. L’augmentation du niveau de la mer fragilise aussi sa conservation dans de nombreux archipels indopacifiques et devient la principale menace pour les mangroves. L’effort de recherche est d’autant plus urgent que l’impact de la destruction massive des mangroves serait désastreux sur les populations.

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Un écosystème caractérisé par trois types de formations végétales

  • La mangrove bord de mer, essentiellement composée de Palétuviers rouge (Rhyzophora mangle) qui peut atteindre 8 mètres de hauteur
  • La mangrove arbustive, en arrière de la ceinture côtière, où les Palétuviers rouge ne dépassent pas 2 mètres de haut et d’où émergent quelques Palétuviers noir (Avicennia germinans), Palétuviers blanc (Laguncularia racemosa) et Palétuviers gris (Conocarpus erectus) selon le niveau de salinité des sol. Dans cette partie de la mangrove, ces espèces peuvent former des peuplements plus élevés mais assez ouverts, fréquemment parsemés d’arbres morts ou dépérissants. Il s’agit des étangs bois secs
  •  La mangrove haute et les peuplements périphériques, situés après les étendues arbustives et culminants à des hauteurs variant entre 10 et 20 mètres. Dans cette partie de la mangrove, le Palétuvier blanc fait la transition avec les marais herbacés ou la forêt marécageuse. Cette espèce donne un couvert assez clair qui permet le développement de la Fougère dorée Acrostichum aureum. Le Palétuviers gris, assez peu abondant, se rencontre dans les endroits les mieux drainés (sols sableux ou rocheux). Il est surtout fréquent aux abords des plages.

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Les mangroves sont des écosystèmes forestiers couvrant près des trois quarts des côtes tropicales, où leur capacité à s’adapter leur permet de prospérer dans des estrans soumis aux variations des courants marins, des flux sédimentaires et de la salinité. Ils assurent des services écosystémiques irremplaçables, limitant l’érosion côtière, séquestrant le carbone et servant de zone tampon face aux cyclones et aux tsunamis. Riches en jeunes crustacés et en alevins qui finissent par migrer dans les eaux côtières voisines, ils constituent, directement ou indirectement, une ressource importante pour les populations locales. Toutefois, leur surface s’est réduite de 30 % au cours des trois dernières décennies, et elle continue de régresser au rythme inquiétant de 1 à 2 % par an, principalement en raison de l’extension des fermes d’élevage de crevettes; une regression continue parfois aggravée par des catastrophes ponctuelles, comme la marée noire qui ravage actuellement la mangrove des Sundarbans(link is external) au Bengladesh, la plus grande au monde.

Paradoxalement, peu d’études détaillées ont été consacrées aux mangroves, et l’intérêt croissant qu’elles suscitent depuis quelques années n’est pas parvenu à ralentir le déclin de cet écosystème. Des équipes du CNRS et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ont tenté de combler cette lacune en étudiant les mangroves dans une perspective pluridisciplinaire. Elles ont de plus contribué au lancement de l’opération CNRS/IRD 2015 Année de la mangrove afin d’alerter le public sur leur importance tant en France que dans les territoires d’outre-mer, où se situent certaines des forêts les mieux préservées au monde.

Une étonnante capacité de dépollution

L’île française de Mayotte, située dans l’archipel des Comores, au large de Madagascar, abrite de belles forêts de mangroves qui subissent cependant une pression considérable en raison de l’essor de l’urbanisation et d’une très forte densité humaine. Afin d’harmoniser l’expansion démographique de l’île avec la préservation de son habitat naturel, des chercheurs d’Ecolab1 ont collaboré avec les autorités locales afin de mettre en place une expérience à grande échelle permettant d’évaluer la capacité de dépollution des mangroves.

« Nous avons établi un réseau de collecte des eaux usées domestiques, explique François Fromard, responsable du groupe Ecolab. Nous avons ensuite introduit ces eaux, de façon strictement contrôlée, dans différents faciès de mangrove pour retracer comment y sont exfiltrés les polluants tels que le phosphore ou l’azote, et analyser l’effet que cela a sur l’écosystème en général. »

Les scientifiques ont constaté que les zones de mangroves recevant les eaux usées ont une croissance plus rapide, comme si la forêt parvenait à intégrer les polluants dans sa biomasse. Les chercheurs réalisent maintenant une étude microbiologique afin de déterminer comment les polluants tels que l’azote sont absorbés, ainsi que l’effet qu’aura une augmentation de cette pollution sur les sédiments, l’eau et la faune qui vit dans cet système.

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