DECORTIQUAGES

Milieux humides : des zones très menacées

EAU FRANCE

UNE JOURNEE MONDIALE

Chaque année, la Journée mondiale des zones humides (JMZH) est célébrée le 2 février, pour commémorer la signature de la Convention sur les zones humides, le 2 février 1971, dans la ville iranienne de Ramsar.

Chaque année, la convention propose à tous les intervenants de construire leur événement autour d’un thème commun et met à disposition du matériel de communication et de sensibilisation ; mais ce thème n’est pas imposé pour réaliser et inscrire une animation dans le cadre de la journée mondiale des zones humides.

EN SAVOIR PLUS SUR LA JOURNEE

 

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photo Dominique Milliez

 

Qu’est-ce qu’un « milieu humide » 

Dans les milieux humides, l’eau est le facteur déterminant tant pour le fonctionnement de ces zones naturelles que pour la vie animale et végétale. La submersion des terres, la salinité de l’eau (douce, saumâtre ou salée) et la composition en matières nutritives de ces territoires subissent des fluctuations journalières, saisonnières ou annuelles. Ces variations dépendent à la fois des conditions climatiques, de la localisation de la zone au sein du bassin hydrographique et du contexte géomorphologique (géographie, topographie).

Ces fluctuations sont à l’origine de la formation de sols particuliers ainsi que d’une végétation et d’une faune spécifiques. L’abondance des algues, de poissons, d’oiseaux d’eau, et d’autres espèces sauvages, peut ainsi varier dans un même milieu selon la période de l’année.

 

Des définitions multiples

Tous ces facteurs expliquent que la définition et la délimitation des milieux humides soient des sujets complexes, souvent matière à controverse. Les définitions des zones humides sont aussi nombreuses que leurs rédacteurs, qu’ils soient scientifiques, gestionnaires, juristes ou politiques.

Au niveau international, la « Convention relative à la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources » (convention de Ramsar) a adopté une définition assez générale prenant en compte un certain nombre de milieux marins comme les récifs coralliens et les herbiers marins ainsi que les cours d’eau et milieux souterrains.

En France, la législation est plus restrictive en raison de l’existence antérieure d’une réglementation sur certains milieux artificiels (barrage, plan d’eau…) ou « naturels » (cours d’eau, milieux marin et souterrain…)

Définition de « zone humide » d’après le code de l’environnement

Selon le code de l’environnement, les zones humides sont des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année». (Art. L.211-1).

Récemment, les critères de définition et de délimitation d’une zone humide ont été explicités afin de faciliter une appréciation partagée de ce qu’est une zone humide en vue de leur préservation par la réglementation. (articles L. 214-7-1 et R. 211-108).

Cas où la délimitation réglementaire ne s’applique pas (Extrait de la circulaire du 18 janvier 2010)
« L’arrêté préfectoral de délimitation des zones humides au titre de l’article L.214-7-1 du Code de l’environnement n’est pas requis dans le cadre des autres dispositions relatives aux zones humides qu’il s’agisse, par exemple :
– des zones humides pouvant être exonérées de la taxe sur le foncier non bâti,
– des zones humides d’intérêt environnemental particulier,
– des zones stratégiques pour la gestion de l’eau,
– des zones humides relevant d’un site Natura 2000 ou
– des zones humides identifiées dans le cadre des SAGE. »
 » La méthode d’identification des zones humides contenues dans cet arrêté n’est pas nécessairement requise pour les inventaires de zones humides à des fins notamment de connaissance ou de localisation pour la planification de l’action. »

Définition de « zone humide » d’après la convention de Ramsar

La convention de Ramsar – traité international adopté en 1971 et entré en vigueur en 1975 – a adopté une définition plus large que la réglementation française : les zones humides sont «des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres».

En France, nous parlerons plus ici de « milieu humide » que de « zone humide »

voir la carte

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photo Dominique Milliez

 

Où se situent les milieux humides en France ? Combien sont-ils ? Quelle surface couvrent-ils ?

Malgré la réalisation de nombreux inventaires ces dernières années, il n’existe aucun répertoire exhaustif de zones humides d’importance internationale, nationale, ou bien « remarquables » ou « ordinaires » à un niveau plus local. Toutefois, certaines zones humides sont connues et ont été identifiées dans le cadre de démarches internationales, nationales ou locales. Elles sont répertoriées dans des documents de référence.
Loin d’être exhaustif, ce chapitre met en lumière certaines démarches de protection et d’inventaires de zones humides.

Les milieux humides notoires

Ces milieux présentent une grande qualité environnementale en termes de biodiversité ou de services écosystémiques : ressource, épuration de l’eau, régulation des crues.

En France, les informations sur la localisation et la taille des milieux humides notoires sont issues de listes de sites qui bénéficient d’outils de protection et/ou qui relèvent d’engagements européens et internationaux ou encore d’inventaires.

Les milieux humides ordinaires

Ces milieux sont le plus souvent de petite taille, moins d’un hectare. Pris individuellement, ils sont considérés comme des milieux de peu d’intérêt. Pourtant, un ensemble de milieux humides ordinaires sur un même bassin versant fournit autant, voire plus, de services écosystémiques à la société qu’une zone humide notoire.

Des milieux d’une grande diversité 

Les milieux humides représentent 6% des terres émergées et figurent parmi les écosystèmes les plus riches et les plus diversifiés de notre planète (Skinner & Zalewski, 1995). D’origine naturelle ou anthropique, ils sont présents sous toutes les latitudes. Au fil du temps, selon le climat et la nature géologique de la région, les milieux humides se sont formés et développés différemment.
Par sa présence dans de nombreuses régions du monde, la France renferme une richesse de milieux humides des plus variées.
Les milieux humides de France métropolitaine comme les tourbières, les landes, les prairies et forêts humides, les mares ou encore les marais asséchés et mouillés … couvrent environ 1,8 millions d’hectares, soit 3% du territoire (hors vasières, milieux marins, cours d’eau et grands lacs). Les récifs coralliens, les mangroves, les herbiers marins et les milieux tourbeux sont parmi les milieux humides d’Outre-mer français les plus remarquables. La France avec près de 55 000 km² de coraux soit 10% des récifs coralliens mondiaux, a entre ses mains un capital inestimable.

Trois grandes catégories de milieux humides 

Continentaux

Les milieux humides continentaux sont caractérisés par la présence d’eau essentiellement douce. Parmi ces milieux, on peut distinguer, d’une part, les milieux d’altitude ou de plaine pas ou peu influencés par les cours d’eau et d’autre part, les milieux associés aux réseaux hydrographiques.

Marins et côtiers

Tous littoraux, ils sont caractérisés par la présence d’eau essentiellement salée ou saumâtre d’origine marine.

Artificiels

Ce sont les milieux créés de la « main » de l’Homme. Ils peuvent être aussi bien dominés par la présence d’eau douce que salée. Avec le temps et selon la gestion qui leur est appliquée, ils peuvent parfois acquérir tout ou partie des caractéristiques de milieux humides d’origine naturelle.

 

Pourquoi protéger les milieux humides ?

Chacun connaît l’image des crues du Nil, qui apportaient à l’ancienne Egypte la prospérité, grâce au précieux limon. Cet exemple illustre bien le caractère des milieux humides, situés au contact des eaux et de la terre, vivant au rythme des cycles hydrologiques et écologiques, et permettant le développement des civilisations.

Après avoir rejeté, ou tout au moins oublié, l’intérêt de ces écosystèmes depuis le 19ème siècle, on redécouvre leurs richesses depuis quelques décennies.

La recherche scientifique nous montre aujourd’hui que les mécanismes des milieux humides sont spécifiques, largement liés à l’eau et à sa dynamique. Ce fonctionnement complexe explique l’importance et la diversité des services rendus par ces espaces.

 

 

Trois fonctions majeures peuvent être identifiées :

– Fonctions hydrologiques : les milieux humides sont des « éponges naturelles » qui reçoivent de l’eau, la stockent et la restituent.

 

– Fonctions physiques et biogéochimiques : elles sont aussi des « filtres naturels », les « reins » des bassins versants qui reçoivent des matières minérales et organiques, les emmagasinent, les transforment et/ou les retournent à l’environnement.

– Fonctions écologiques : Les conditions hydrologiques et chimiques permettent un développement extraordinaire de la vie dans les milieux humides.
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photo Dominique Milliez

Les principales menaces

Au cours du dernier siècle, plus de la moitié des milieux humides a été détruite. Ces milieux sont encore aujourd’hui menacés en raison de l’urbanisation, de l’intensification de l’agriculture ou encore des pollutions…

Les activités humaines sont à l’origine de la régression des milieux humides. L’urbanisation, le développement d’infrastructures et d’autres aménagements lourds se traduisent par la disparition de bien des milieux humides. Certaines activités ont des effets plus progressifs ou plus complexes : perturbation de l’alimentation en eau des milieux à cause des équipements fluviaux, drainage à finalité agricole, introduction d’espèces exotiques envahissantes…

Bien d’autres menaces pèsent sur les milieux humides, parfois sans que l’on en perçoive bien la portée, comme la pollution des eaux ou le réchauffement climatique.

Les causes majeures de disparition de ces milieux sont :

le développement de l’urbanisation et des infrastructures,

l’intensification de l’agriculture et de l’aquaculture,

la déprise et boisement de terres agricoles,

l’aménagement des cours d’eau,

le prélèvement d’eau,

l’extraction de matériaux,

l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes

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photo Dominique Milliez

 

Comment agir ?

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