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Lesotho : discret, enclavé et tourné vers la Chine

Peu de gens se rendent au Lesotho, l’attrait de l’Afrique du Sud est bien souvent plus important que celui suscité par ce petit pays dont on n’entend pas beaucoup parler.
Ce pendant, dès qu’on l’évoque à ceux qui s’y sont rendus, les yeux brillent de mille souvenirs, chacun y va de son anecdote sur une excursion dans les Monts Mloti, les rencontres avec les gens chaleureux, les veilles dans un duvet de montagne sous la voûte étoilée…
Le Lesotho est différent de l’Afrique du Sud, soyez en convaincu ! Sa géographie n’est pas non plus africaine, les routes quasi inexistantes vous obligent à lâcher vos réflexes de voyageurs motorisés, l’histoire moins violente du pays a aussi fait évoluer les Sothos différemment (pour ceux qui ne sont pas allés vivre à Soweto).

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Quelques éléments économiques

Depuis la crise politique de 1998, le Lesotho connaît de graves difficultés économiques. Le taux de chômage atteint 45% de la population active. Bien gérée, l’économie du Lesotho ne génère cependant pas les ressources suffisantes pour répondre aux besoins de la population.

Le Lesotho est très dépendant de son voisin sud-africain : 86% de ses importations provenaient d’Afrique du Sud en 2004-2005 et les transferts effectués par les travailleurs immigrés lesothans en RSA (essentiellement des mineurs) représentent 40% du PIB. Le reste des revenus vient de la fourniture d’eau à la RSA grâce au « Highland Water Project ».

Au début des années 2000, la croissance du pays a été en partie soutenue par une industrie textile en plein essor, développée grâce à l’accès libre de droits de douane de certains produits au marché américain (Africa Growth and Opportunity Act – AGOA) et au système des quotas textiles internationaux (dont pouvaient bénéficier les produits asiatiques, transformés au Lesotho et réexportés vers les Etats-Unis). Mais cette activité a été durement touchée par la fin du système international de quotas début 2005 ainsi qu’une perte de compétitivité des produits lesothans (appréciation du loti et rigidités croissantes sur le marché du travail). L’avenir du textile reste menacé par l’extinction des clauses de l’AGOA (80 % des exportations du Lesotho allaient jusqu’à présent vers les Etats-Unis) et celle des clauses de sauvegarde sur les importations textiles chinoises.

Le secteur du diamant s’est renforcé, avec désormais trois mines en exploitation et deux en prospection. Mais le secteur minier n’offre que peu de perspectives en matière de création d’emplois.

Les projets de diversification de l’économie restent embryonnaires et contraints par des infrastructures insuffisantes. L’agriculture reste chroniquement incapable de nourrir la population, qui reste très dépendante du PAM et de l’aide extérieure.

L’épidémie de SIDA continue d’obérer les perspectives de développement du Lesotho. Les achats d’antirétroviraux pour une population de patients estimée à 266 000 à l’horizon 2010 (plus de 10 % de la population totale) et le soutien aux enfants orphelins et vulnérables (200 000) constitueront les deux principaux postes de dépense budgétaires. Il ne pourra y faire face sans aide extérieure. En septembre 2008, le chiffre officiel de taux de prévalence est de 23% (le troisième plus élevé au monde), mais les estimations officieuses situent à 40% le taux moyen, avec des pointes à 80% pour les populations les plus à risques (ouvrières du secteur textile notamment).

Par ailleurs, au cours de l’année 2008, la situation alimentaire s’est fortement dégradée en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, dans un pays qui dépend très fortement de ses importations. Il en résulte un fort mécontentement social (grèves en série). Conscient de l’urgence de la situation, le gouvernement a créé en juin 2008 une « task force » interministérielle mandatée pour préparer un plan d’action contre les prix alimentaires élevés. Cette crise structurelle a été aggravée par la sécheresse qui a frappé le Lesotho en 2006 et 2007.

Politique extérieure

La dépendance économique du Lesotho à l’égard de l’Afrique du Sud (80% des importations et 60% des exportations du Lesotho) s’explique par son enclavement géographique, la faiblesse de son économie et son appartenance à la SACU (Union douanière d’Afrique australe) qui entraîne notamment l’indexation de la monnaie nationale au Rand.

Les problèmes transfrontaliers (trafics), les conséquences des restructurations économiques en Afrique du Sud et les fluctuations du Rand tendent ponctuellement les relations entre les deux pays.

Bien qu’ayant exercé la présidence de la SADC jusqu’en août 2007, le Lesotho exerce une influence régionale très limitée. Hors pays d’Afrique australe, seuls les Etats-Unis et la Chine ont une ambassade à Maseru.

Au sein de l’Union européenne, le Lesotho entretient principalement des relations avec la Grande-Bretagne et l’Irlande, seules représentations diplomatiques européennes à Maseru ces dernières années en-dehors de la délégation de l’UE. Si l’Irlande maintient aujourd’hui un consulat général, la Grande-Bretagne a, en revanche, fermé son ambassade en août 2005.

Le Lesotho a passé un accord avec les Etats-Unis en juillet 2006 qui exclut les personnels américains sur son territoire de la juridiction de la Cour Pénale Internationale (CPI). Cet accord a valu au Lesotho la prolongation du bénéfice de l’AGOAet lui a permis de solliciter 362 M$ sur cinq ans au titre du Millenium Challenge Account (MCA), auquel il a adhéré àl’été 2007.

Le pays entretient une relation dense avec la Chine (participation au sommet africain de Pékin, envoi de dizaines d’étudiants du Lesotho en Chine). De nouveaux donateurs sont apparus depuis peu au Lesotho, notamment Singapour, le Japon, le Pakistan et des pays arabes.

Quelques éléments géographiques

Le Lesotho, appelé officiellement royaume du Lesotho, est un pays d’Afrique australe, entièrement enclavé dans l’Afrique du Sud. C’est un petit pays de 30 355 km², l’équivalent de la Belgique (32 545 km²). Le Lesotho correspond à l’ancien Basutoland qui est devenu indépendant en 1966 dans le cadre du Commonwealth.

Maseru, la capitale, est la ville la plus importante, avec une population estimée à quelque 120 000 habitants. Les autres villes importantes sont Teyateyaneng, Mafeteng et Hlotse. Le Lesotho est divisé en 10 districts administratifs (Berea, Butha-Buthe, Leribe, Mafeteng, Maseru, Mohale’s Hoek, Mokhotlong, Qacha’s Nek, Quthing et Thaba-Tseka), subdivisés en wards (ou sections électorales), présidés par des chefs héréditaires et administrés par des coordinateurs de district.

Le Lesotho possède une géographie particulière dans la mesure où il bénéficie de frontières naturelles, sur plus de 900 km. En effet, ce petit pays, totalement enclavé en Afrique du Sud, est délimité du nord au sud-ouest par le fleuve Caledon, la chaîne de montagnes Drakensberg à l’est et les hautes terres du Sud, qui forment la frontière orientale du Lesotho (et partiellement celle de l’État libre d’Orange en Afrique du Sud); ce pays se situe en son point géographique le plus bas à 1400 mètres d’altitude (au croisement de la Caledon et de la rivière Orange), le point le plus haut étant le mont Thabana Ntlenyana à 3482 mètres au nord-est.

C’est le seul pays du monde a être situé aussi haut en altitude sur l’ensemble de son territoire. Cette configuration  constitue autant de barrières faisant du Lesotho une sorte de forteresse naturelle. À l’ouest, des terres vallonnées occupent environ un tiers du pays, entre 1525 et 1830 mètres d’altitude.

Les routes sont presque inexistantes dans le pays, les voyages se faisant surtout à cheval. La circulation nord-sud est particulièrement difficile au nord-est en raison de la chaîne du Drakensberg. L’Orange, fleuve qui traverse le pays, y prend sa source; on y trouve également le point culminant du pays, le Thabana Ntlenyana. Environ 80 % de la population active dépend de l’agriculture. Économiquement, le Lesotho reste très dépendant de son grand voisin, l’Afrique du Sud.

La population du Lesotho était estimée à 2,1 millions d’habitants en 2004. Ce sont les districts de Leribe (17,5 %) et de Maseru (19,0 %), qui sont les plus peuplés. On ne compte que trois ethnies autochtones au Lesotho: les Sothos du Sud (très majoritaires), les Zoulous et les Xhosa, auxquels s’ajoutent deux petites communautés d’Afrikaners(anciennement les Boers, ces descendants des colons néerlandais) et de Britanniques. On compterait aussi quelque 3000 Chinois et Indo-Pakistanais.

Ethnie Langue maternelle Affiliation linguistique Population
Sothos du Sud sotho du Sud famille bantoue 2 110 000
Zoulous zoulou famille bantoue     51 000
Xhosa xhosa famille bantoue    10 000
Afrikaners afrikaans  langue germanique      2 100
Britanniques anglais  langue germanique      2 100
Asiatiques hindi/ourdou
chinois
langue indo-iranienne
famille sino-tibétaine
     3 000
Total 2 178 200

Les Sothos du Lesotho sont des Basothos appartenant à l’ethnie des Sothos du Sud. On distingue les Sothos du Sud (Lesotho) des Sothos de l’Ouest (les Tswana du Swaziland) et des Sothos du Nord (ou (ou Sepedi habitant dans la province du Nord en Afrique du Sud).

Les trois langues autochtones du Lesotho appartiennent toutes à la famille bantoue, comme c’est le cas pour la plupart des langues indigènes d’Afrique du Sud. Le sotho constitue la langue massivement majoritaire parce qu’elle est parlée par 96,7 % des locuteurs du pays. Les langues minoritaires sont le zoulou, le xhosa, l’anglais, l’afrikaans, le chinois et l’hindi ou l’ourdou. L’anglais et l’afrikaans, deux langues germaniques, ont été apportés lors de la colonisation européenne, alors que le chinois (famille sino-tibétaine) et l’hindi (langue indo-iranienne) résulte de l’immigration causée par les politiques britanniques en matière de main-d’oeuvre.

L’anglais et le sotho (appelé également sésotho) sont les langues officielles du Lesotho. L’anglais a conservé son statut au moment de l’indépendance, mais les Lesothans ont estimé qu’il était inconcevable que leur langue nationale ne bénéficie pas de ce statut à côté de l’anglais.

2.1 Le sotho du Sud

La langue des Sothos du Lesotho est connue sous le nom de sotho du Sud ou sésotho. En Afrique du Sud, on l’appelle sotho du Nord ou pedi; ces deux variétés sont considérées, au point de vue juridique et politique, comme deux langues distinctes. Mais l’intercompréhension entre les Sothos du Nord et les Sothos du Sud, de même qu’avec les Tswanas d’Afrique du Sud et du Botswana, étant relativement aisée, on peut considérer que le sotho du Nord, le sotho du Sud et le tswana (ou setswana) constituent trois variantes d’une même langue. Il semble que ces distinctions de statut proviennent des autorités sud-africaines de l’époque de l’apartheid afin de fragmenter politiquement et idéologiquement le plus possible la population noire du pays. L’ensemble des Sotho-Tswanas représente quelque 12 millions de locuteurs, ce qui n’est pas rien.

Variété Pays Ethnologue
(1996)
Ethnologue
(total)
Sotho du Nord (pedi) Afrique du Sud 3 840 000     3 851 000
Sotho du Sud Lesotho
Afrique du Sud
1 493 000
2 704 000
    4 197 000
Tswana Botswana
Namibie
Zimbabwe
1 070 000
6 050
29 350
    4 000 000
Total 9 142 400   12 048 000
Peu importe le nom qu’on leur donne, ces variétés de sotho sont parlées en Afrique du Sud, au Lesotho, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe. De plus, le sotho du Nord, appelé pedi ou sotho du Transvaal, est fragmenté en de multiples dialectes: masemola, kgaga, koni, tswene, gananwa, pulana, phalaborwa, khutswe, lobedu, tlokwa, pai, dzwabo, kopa et matlala-moletshi. Quant au tswana, on distringue le tlharo, le tlhaping et le tawana. Pour sa part, le sotho du Sud parlé au Lesotho est souvent considéré comme le «sotho correct».

Toutes les variétés ont leur propre orthographe, car elles n’ont jamais été normalisées. Il existe deux formes principales de représentation orthographique pour le sotho, l’une pour le sotho du Sud au Lesotho et l’autre pour le sotho du Nord en Afrique du Sud. Voici quelques exemples qui montrent comment les deux orthographes diffèrent :

Sotho du Nord
(Afrique du Sud)
Sotho du Sud
(Lesotho)
Traduction
dumela lumela bonjour
tjhelete chelete argent (monnaie)
tsamaya tsamaea aller (verbe)
nwa noa boisson
nkwe nkoe léopard
morutwa morutuoa élève/étudiant
kgotso khotso paix
wena uena tu/vous
phela jwang? phela joang? Comment allezvous?

En 1945 Jacob M. Nhlapo, membre du Parti du Congrès national africain (African National Congress), avait suggéré une orthographe commune pour les trois variantes du sotho (sotho du Sud, sotho du Nord et twana), mais le projet n’a jamais abouti, le gouvernement sud-africain n’ayant jamais voulu coopérer. Récemment, des universitaires tels Neville Alexandre et C. T. Msimang ont de nouveau soulevé la question de l’harmonisation de certaines langues africaines, dont le sotho, en vain.

2.2 Les langues minoritaires

Les langues autochtones telles que le zoulou et le xhosa sont des langues bantoues, comme le sotho. Ainsi, les Lésothans d’origine partagent des éléments culturels et historiques importants. Il n’en est pas ainsi de l’anglais et de l’afrikaans parlés par les minorités blanches, mais ces langues, surtout l’anglais, ont un prestige indéniable. Il est relativement rare qu’un Britannique connaisse le sotho, mais il est fréquent qu’un Sotho sache ou baragouine l’anglais.  

Enfin, 93 % des Lésothans sont des chrétiens (catholiques, évangéliques ou anglicans), les autres ayant conservé leurs croyances traditionnelles.

EN SAVOIR PLUS 

A voir

Le Parc de Sehlabathebe

L’unique parc national se situe à l’ouest du Lesotho. Son accès est très difficile. L’idéal pour y aller reste de prendre l’avion entre Maseru et Ha Paulus, mais les liaisons sont inconstantes. Par la route, le 4X4 est indispensable, ainsi qu’une bonne carte routière.La visite de ce parc semble valoir le coup mais sachez qu’il existe des moyens de se loger (sans forcement camper…).

A voir

Une réflexion sur “Lesotho : discret, enclavé et tourné vers la Chine

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