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Maroc : Tanger, porte de la Méditerranée

FRANCE 3

Tanger (en arabe : طنجة, Tanja ; en gréco-romain : Tinjis), est une ville du nord du Maroc. Elle est le chef-lieu de la région de Tanger-Tétouan et de la préfecture de Tanger-Asilah. Située à l’extrémité nord du pays, la ville est la principale porte du Maroc sur l’Europe, dont elle est séparée par les 14 km du détroit de Gibraltar. Sa population s’élevait à 669 685 habitants au recensement de 2004, en faisant la cinquième ville du Maroc. Tanger a une histoire riche et une géographie unique. La beauté de son site et de sa lumière en ont fait une source d’inspiration pour des générations d’artistes et d’intellectuels parmi les plus grands. Elle a été surnommée « la ville des étrangers » suite a ses nombreuses colonisations (Les phéniciens, les Arabes, les Portugais, les Anglais, les Français et les Espagnols).

Janvier 1912, sous une pluie diluvienne, Matisse arrive avec Amélie, son épouse, à Tanger.

Au cours des deux séjours qu’il y effectue, il découvre peu à peu cette ville bâtie entre l’Atlantique et la Méditerranée et d’où il repart avec une vingtaine de toiles, de dessins et une soixantaine de carnets et d’études.

Sous forme d’une longue lettre, ce récit, qui se déroule à la veille de la Grande Guerre, s’attache, à partir de faits réels et de la correspondance du peintre, à retracer, entre autres, ses rapports avec Zorah, la jeune prostituée qui finira par poser pour lui.

Henri Matisse a peint cette grande toile (1,16 m x 0,80 m) lors d’un voyage au Maroc, fin 1912 et début 1913. Il s’agit de la Porte de la Casbah de Tanger, appelée Bab El-Asa

Matisse : Zorah en jaune


Le détroit de Gibraltar (36.0N, 5.5W) vu de l’océan Atlantique vers l’est, donnant sur le monde Méditerranéen. Sur cette image panoramique, montre comment le détroit, connu depuis l’antiquité comme les colonnes d’Hercule, a constitué un lien entre l’Afrique et l’Europe et maintenant, entre l’ancien et le nouveau monde.

Tanger est située sur le Détroit de Gibraltar qui délimite la Mer Méditerranée à l’ouest. La largeur du détroit varie de 44 km à l’ouest à 15 km à l’est. Par beau temps, les côtes espagnoles et marocaines sont parfaitement visibles.

Limites
Tanger est délimitée au nord par sa baie en forme de croissant long de 14 km de sable blanc. Cette baie compte parmi les plus belles du monde. En allant vers l’est, on part du plateau du Marshan, on traverse le quartier Californie, l’oued Lihoud, on dépasse le Jebel Kebir (la « Montagne », 311 m) pour arriver au Cap Spartel. On longe le littoral atlantique sur 48 km vers le sud en passant devant les grottes d’Hercule, les ruines de Cotta, la forêt diplomatique jusqu’à l’embouchure de l’oued Tahaddart. Celui-ci, prolongé par le Mharhar constitue la limite sud à travers les vallées basses (anciennes lagunes) de Boughdour et Boukhalf.

La péninsule tingitane. Le relief, les cours d’eau et le littoral au nord et à l’ouest font de la zone de Tanger une presqu’île bio-géographique. 

A l’ouest, se trouvent la vallée de Moghogha (une ancienne lagune) et les massifs de Zem-Zem et de M’Jimet. L’oued Moghogha s’infiltre dans le sable avant la baie. L’oued Mellaleh se trouve au nord du Moghogha mais l’ensablement de la baie l’empêche de s’y jeter. On revient vers Tanger en passant par le Cap Malabata. Les montagnes représentent 9 % du territoire contre 91 % de plaines.

LA MYTHOLOGIE

La mythologie de Tanger est un chapitre riche et plaisant de son « histoire ». Ce point si particulier de l’ensemble méditerranéen, à la porte de l’océan inconnu, a nourri l’imaginaire de tous les peuples de la mare nostrum. Aujourd’hui, les guides touristiques se complaisent dans la narration souvent approximative de ces histoires. A la connaissance de l’auteur, les légendes relatant la naissance de la cité ou des faits ayant eu la région comme théâtre d’action, ont deux sources : la source berbère basée essentiellement sur la linguistique et la source grecque beaucoup plus fournie.

La tradition orale tangéroise rapporte l’histoire suivante : après le déluge, l’arche de Noé dérivait en l’attente de retrouver la terre ferme. Un jour, une colombe revint se poser sur le pont de l’arche avec un peu d’argile sur ses pattes. Les occupants de l’arche se sont alors écriés : « Tin jâa » soit la terre est arrivée (note 1). Bien évidemment, il est très peu probable que la langue utilisée par Noé ait été l’arabe … Tanja, en langue berbère, désigne un marécage, ce qui tendrait à prouver l’existence d’une

implantation humaine amazigh  bien avant l’arrivée des phéniciens (note 2).

Ce sont les récits grecs qui nous ont fait parvenir les plus belles légendes à propos de Tanger. Selon Platon, la région de Tanger, ainsi que le reste de la « Lybie », était le domaine du géant Antée.


Platon
Dans la mythologie grecque, Antée était le fils de Poséidon (note 3) et de Gaïa (note 4). Ce géant « monstrueux » attaquait les voyageurs pour construire avec leurs crânes un temple dédié à son père. Il donna le nom de sa femme, Tinga, à son domaine qui englobait les fameux jardins des Hespérides, réputés pour leurs fruits d’or. Ces jardins s’étendaient de l’actuelle Ceuta à la Lixus antique (région de Larache).
Le vol de trois fruits d’or, était l’un des douze travaux du demi-dieu le plus populaire de l’antiquité héllénique : Héraclès, l’Hercule des romains. Les Hespérides quant à elles étaient les nymphes de l’occident. Elles étaient trois, Aéglé, Erythie et Hespéritousa et veillaient sur le merveilleux jardin rempli de fruits d’or avec l’aide de Ladon, le dragon à cent têtes. Héraclès réussit à s’emparer par la ruse des fruits tant convoités en envoyant Atlas combattre Ladon à sa place (note 5).
En arrivant sur le domaine d’Antée, Héraklès se vit défier par celui-ci au cours d’une bataille dont les traces perdurent dans la géographie locale. A chaque fois qu’Héraklès le terrassait, Antée puisait sa force du contact avec la terre, autrement dit, Gaïa, sa mère. Finalement, Héraklès dût soulever Antée du sol tout en l’étouffant.

Heraklès étouffant Antée


Au cours de cette bataille titanesque, un coup de sabre d’Héraclès ouvrit le détroit de Gibraltar. Ensuite, le fils de Zeus et d’Alcmène éleva deux colonnes de part et d’autre du sillon. Une autre version de la légende attribue l’ouverture du détroit à un coup d’épaule d’Héraclès. Les colonnes d’Hercule allaient symboliser pour de nombreux siècles, les limites du monde connu. Héraclès prit pour femme l’épouse du défunt Antée, qui lui donna un fils, Sophox. Celui-ci fonda une cité qu’il nomma Tingis en hommage à sa mère. Le fils de Sophox engendra Diodoros qui fut à l’origine des premières dynasties royales de la Maurétanie …! La légende attribue également à Héraclès l’aménagement des grottes situées au sud du Cap Spartel, sur la côte atlantique. Les grottes d’Hercule doivent plus probablement leur origine à l’industrie néolithique. En effet, les habitants de la région creusaient la roche afin d’en extraire des morceaux servant par la suite à la fabrication de meules. La légende ajoute que la dépouille massive d’Antée fut ensevelie par son vainqueur sous la colline du Charf.


Ulysse éborgnant le cyclope Polyphème
Tanger et sa région ont également été cités comme un des sites des exploits d’Ulysse, le célèbre héros du non moins célèbre poème d’Homère, l’Odyssée. Les grottes d’Hercules auraient été alors celle du cyclope Polyphème, fils de Poséidon qui sera éborgné par l’ingénieux Ulysse.

Platon avait également placé la fameuse Atlantide dans le passage des Colonnes d’Hercule dans son « Timée ». Des travaux archéologiques récents semblent conforter cette piste (cf. Le Monde, la publication originale).

Enfin, rappelons que pour les auteurs grecs anciens, Tanger, « la plus belle ville du monde connu » est un domaine élu des dieux où les hommes « sont les plus grands et les plus beaux que l’on puisse trouver » (sic).

EN SAVOIR PLUS

http://tangier.free.fr/Geographie.htm

Une réflexion sur “Maroc : Tanger, porte de la Méditerranée

  1. je vous signale une erreur dans votre article a propos de la peinture de matisse « la Porte de la Casbah de Tanger »,
    en fait, l’illustration ci dessus, c’est la reproduction d’une certaine linda,(http://chaudemanche.free.fr/linda/?p=170), qu’elle a fait de l’œuvre originale de matisse, certes les couleurs sont très proches, mais quand on y regarde de plus près, ça n’a rien a voir avec l’œuvre de matisse!

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