JARDINS DU MONDE

« Essentiel paysage » : l’herbier imaginaire d’Aimé Césaire

CYBEGEO

 

By Michèle Constans

 

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Nature et paysages sont au centre de l’œuvre d’Aimé Césaire, qui les a réinvestis des valeurs propres d’une société qui se redessine : la mémoire de l’esclavage, la révolte, une Afrique réelle ou rêvée, une nature essentielle.
On propose ici un exercice de confrontation des images de Césaire à des paysages réels. En effet, pour n’être pas descriptive, cette poésie réputée obscure et difficile, n’en offre pas moins une lecture très concrète des paysages martiniquais. Les fulgurants raccourcis de ses métaphores nous projettent d’emblée au cœur même du paysage, nous faisant entendre « les grillons rapièceurs de ferraille » ou observer « le grand sabre noir des flamboyants ».

 

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Bien que les lieux soient rarement nommés, le lecteur-promeneur attentif peut les reconnaître
La richesse du vocabulaire botanique n’a rien de gratuit ; les dizaines de végétaux évoqués constituent un herbier imaginaire, qui pour chaque plante, condense en quelques mots une valeur symbolique et une observation naturaliste d’une grande précision. Ainsi « le balisier se déchire le cœur » exprime la couleur, l’organisation complexe et le renflement de la fleur du balisier, associés à la blessure historique du monde noir. L’obscurité de la métaphore opère à la fois comme outil de connaissance et outil mnémotechnique.

 

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Césaire se fait ainsi passeur du paysage antillais. En nous invitant à décrypter l’infinie complexité d’une Nature réelle et sa corrélation à un imaginaire ancré aux profondeurs d’une histoire violente, il en modifie irréversiblement notre perception.

 

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