COUPS DE GUEULE

Irina Bokova (UNESCO) condamne la destruction des sites du patrimoine mondial au Mali

La Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, réagit sur le sort du patrimoine culturel inestimable de Tombouctou, suite aux informations indiquant que les rebelles auraient saccagé et pillé des lieux abritant des milliers de livres et de documents anciens. Irina Bokova a appelé toutes les autorités compétentes à être vigilantes quant à toute tentative de trafic de ces trésors.

« Les informations selon lesquelles les rebelles auraient pris le contrôle de l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) de Tombouctou ainsi que d’autres institutions culturelles sont très inquiétantes », a déclaré la Directrice générale. « Ces centres abritent des documents anciens, écrits ou recopiés localement, acquis sur des marchés d’Afrique du Nord, d’Al-Andalus ou du Machrek, ou envoyés par des pèlerins depuis des pays musulmans éloignés. Beaucoup d’entre eux datent de l’âge d’or de Tombouctou, qui se situe entre le 12e et le 15e siècle. Ils traitent de sujets variés allant des d’études religieuses aux mathématiques, en passant par la médecine, l’astronomie, la musique, la littérature, la poésie, l’architecture ou encore les pratiques ésotériques et portent le témoignage de la richesse historique de la ville, à la fois carrefour culturel et centre d’apprentissage. Ce patrimoine doit être protégé. Les citadins, dont je salue l’engagement, l’ont compris, eux qui se sont rassemblés pour organiser leur sauvetage. Mais ils ont besoin de notre aide. J’appelle solennellement toutes les parties concernées à la vigilance et à travailler en concertation afin d’éviter que ces trésors qui sont si important pour l’humanité toute entière ne se perdent pas ».

La Directrice générale a contacté les autorités nationales des pays partageant une frontière avec le Mali pour leur rappeler leurs obligations au titre des dispositions de la Convention de l’UNESCO de 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels. Le Mali et les pays voisins sont liés par cette Convention, seul instrument normatif international portant exclusivement sur la lutte contre le trafic illicite de biens culturels.

Plus spécifiquement, la Directrice générale a exhorté les autorités nationales des pays concernés  à respecter l’article 9 de la Convention qui invite les Etats parties « à participer à toute opération internationale concertée dans ces circonstances, en vue de déterminer et d’appliquer les mesures concrètes nécessaires, y compris le contrôle de l’exportation, de l’importation et du commerce international des biens culturels ». Elle a également appelé les partenaires institutionnels de l’UNESCO dans la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, notamment Interpol, les professionnels du marché de l’art et les collectionneurs, à faire preuve de vigilance.

Le Mali est aussi lié par la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.

L’UNESCO assure le secrétariat de la Convention de La Haye et de ses deux protocoles ainsi que de la Convention de 1970. L’Organisation se tient prête à fournir une aide technique au Mali et aux pays voisins dans l’application de ces traités internationaux.

La déclaration de la Directrice générale fait suite à son appel du 5 avril 2012 pour la préservation du Tombouctou, qui est un site du Patrimoine mondial.

3 juillet 2012

Le Comité du patrimoine mondial a condamné le 2 juillet la destruction des sites du patrimoine mondial au Mali et a adopté des mesures visant à aider le pays à protéger son patrimoine.

Dans sa décision, le Comité, composé de 21 membres et en charge de la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, a appelé la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, à créer un fonds spécial pour aider le Mali à la conservation de son patrimoine culturel.

Le Comité a également appelé tous les Etats membres de l’UNESCO, l’Organisation islamique internationale pour l’éducation, la culture et la science (ISESCO) et l’Organisation de la coopération islamique (OIC) à alimenter ce fonds.

La décision condamne vigoureusement les actes de destruction des mausolées à Tombouctou, qui est un site du patrimoine mondial, et appelle à mettre fin à ces « actes répugnants ».

Le texte de la décision demande aussi à la Directrice générale de l’’UINESCO d’envoyer une mission au Mali dès que possible afin d’évaluer, en concertation avec les autorités nationales et locales, l’étendue des dommages et de définir les besoins urgents en termes de conservation.

Le Comité du patrimoine mondial a également reconnu les efforts déjà entrepris pour aider le Mali à préserver son patrimoine, notamment l’envoi par la Directrice générale d’une mission au mois de mai, les efforts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAS) et des pays de la région pour aider la population du Mali à sortir de cette crise.

Le Mali a récemment pris des mesures pour accéder au Second protocole relatif à  la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé de 1999 qui, entre autres textes, sanctionne la destruction intentionnelle du patrimoine culturel.

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Sites du patrimoine mondial au Mali

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Des islamistes d’Ansar Dine, un des groupes armés contrôlant le nord du Mali, ont démoli plusieurs mausolées de saints musulmans à Tombouctou, en représailles à la récente décision de l’Unesco de classer cette ville mythique patrimoine mondial en péril.
Ansar Dine va détruire aujourd’hui tous les mausolée de la ville. Tous les mausolées sans exception », a déclaré à travers un interprète Sanda Ould Boumama, porte-parole d’Ansar Dine à Tombouctou joint par l’AFP depuis Bamako.

Le premier sanctuaire visé a été celui de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, qui avait déjà été profané début mai par des membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un allié d’Ansar Dine, ont raconté à l’AFP des habitants joints depuis la capitale, certains sous le choc.

« Aujourd’hui, au moment où je vous parle, les islamistes d’Ansar Dine ont fini de détruire le mausolée du saint Sidi Mahmoud. Ils ont cassé (et) fait tomber le mur » de clôture du site, « c’est très grave », a déclaré en pleurant un des témoins.

Les islamistes se ont ensuite attaqué tour-à-tour aux mausolées de Sidi Moctar, dans l’est de la ville, puis celui d’Alpha Moya, qui ont tous deux été détruits.

Les hommes d’Ansar Dine, qui veulent appliquer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, « ont dit qu’ils vont tout détruire aujourd’hui. Vraiment, ils ont violé aujourd’hui Tombouctou. C’est un crime », a dit un des témoins proche d’un imam (qui dirige la prière musulmane en commun) de Tombouctou.
« L’Unesco, c’est quoi ? »

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